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  semaine 6 : Mardi  

La récolte : mardi, diachronique, attente, compagnon, spirituel, drame, lac parlant, Robinson Crusoé, chant, ravioli, tiens tiens, dicton, sardine, rose, parfait, limbes.
Les confitures

Dans l'attente du parfait drame

Et entamant le chant des limbes

Silhouette diachronique,

Mardi glisse sur le lac parlant

Tiens, tiens... mais quelle rose était-ce donc?

Ravioli spirituel au poitrail

Dicton coupé

Coule l'écume sombre des sardines

Dans l'œil écartelé

Souvenir du compagnon

Robinson Crusoé

Indélébile

 

Emmanuelle Dubois

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— "Le Drame du Lac-parlant"… Tu ne trouves pas que ça ferait un bon titre ?

— Un bon titre pour quoi ?

— M'enfin… pour mon roman !

Mon compagnon prend un air nonchalant :

— Tiens tiens, ton roman… Tu écris maintenant ? C'est nouveau !

— Ça fait six mois que je t'en parle ! Tu étais dans les limbes ? Décidément tu n'écoutes jamais quand je te parle de mes projets ! Je t'en ai encore parlé mardi !— Mardi, c'est ravioli…

— Tu te crois spirituel ?

— C'est un dicton…

— Non, le dicton c'est : "Lundi, c'est ravioli". Et si tu continues, dimanche ça va être sardines pour toi !

— Je suis un pauvre Robinson Crusoé incompris sur son île, en attente d'un hypothétique vaisseau intergalactique qui vienne me sauver…

Je sens le rose me monter aux joues, et la moutarde au nez :

— Parfait ! Là tu as dépassé définitivement les bornes… Puisque c'est comme ça, tu vas pouvoir attendre le chant des sirènes, et un bon moment encore ! Je te plaque !!!

— Ma chérie !!! Ne me quitte pas ! Je plaisantais !

— Va te faire voir !!!

— Au secours ! Je suis victime d'une erreur diachronique !!!

— Adieu !

La porte claque.

 

Sagiterra

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Diacre chroniques

 

Robin, mon Crusoé des bois, arbore la chasuble rose du mardi. Il chante "allons à Messine pécher la sardine, allons..."

Cloué par son chandelier, il était dans les limbes et semblait dans l'attente du déluge. Quant un dicton, une diction erre, j'en fait un big tonnerre. Robin rouvre les yeux. Il est ébloui par les flammes. Robin son chandelier dans les mains part à la dérive. Ses compagnons se joignent à lui. Ils partent en procession conjurer le drame spirituel du lac parlant égaré. Une parfaite odeur de raviolis leurs rappelle que c'est la fin du carnaval, finies les agapes du mardi gras, demain c'est carême.

Tiens tiens, Robin nous emmène à la pizzéria des bois. "Allons à Napoli pécher le ravioli..." La procession bifurque alors par le bac à sable. Chacun prend une poignée de sable. Pour ne pas succomber à la tentation, nous réalisons un mandala géant sur le parvis.

Des mangalas noirs bondissants, surgis d'on ne sait ou, poussent des cris blancs d’orfèvre, et se sauvent vers le quai. Les diacres, les évêques et tout le saint saint-frusquin attendent les fidèles à l'entrée de l'édifice. Ils sont fouillés méthodiquement. Les beignets de carnaval sont retirés impitoyablement des poches. Le plan carême est appliqué. La cérémonie terminée, les paroissiens découvrent le sacristain planté au milieu du mandala. Ils reçoivent un beignet pour jouer à qui lancera la première pierre. Le top est donné par la cloche.

Les beignets roulent sur le sable. Ce soir, les enfants du sacristain vont grincer des dents.

Robin prend le sacristain par la main et ils disparaissent à l'intérieur. Discrètement, derrière un pilier, ils se lavent les mains.

 

Eric Bardin

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Les petits plats dans les grands*

 

Emergeant des limbes d’une douce sieste en ce week-end pluvieux, je vis mon compagnon aussi apathique que moi. Et pourtant, nous avions du pain sur la planche. Ou plutôt des raviolis Ã  farcir pour le repas. A la sardine, s’il vous plait ! Ce soir on met les petits plats dans les grands. On reçoit Mr Robinson Crusoé himself. Barbe en bataille, regard spirituel… La diachronique, c’est son fort. Il faut le suivre dans ses histoires ! Comme ce jour où il nous a décrit un lac parlant où s’étaient réfugiés un millier d’esclaves muets… Tiens tiens, je sens les oignons qui roussissent dans la poêle. Parfait ! De son côté, le poisson à chair encore rose ne demande qu’à être découpé… en deux temps trois mouvements ! Pas d’attente, surtout pas. Le chant de l’eau bouillante excite déjà mes papilles. La recette promet d’être une réussite. Alors que mardi, j’avais raté mes spaghettis. Ce fut un vrai drame familial…

 

Myriam Loriol

 

*ndlr un titre dicton

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This will not do. I just dropped my kerchief, which us really only a napkin. As a result of which i am now sure of the meaning of kerchief, bless you, you are welcome. Now let's get to work, it's saturday, three days before Tuesday, or four days after tuesday, depending on whether you are future bound or past bound, which depends, mate, on how rooted you are, or how much in limbo you are, it's spiritual you see.

 

My temples are tingling, mine eyes want to close, drama, speaking, like yours, truly, Robinson Crusoe.

A fiction. Like pink sardines, and perfect ravioli.

 

This is not working. Is it sound or is it music, noise, i mean, singing, i'm just saying, waiting, as the water in a lake, in a drought, concentric circles tightening, on the perimeter, my mouth is dry, mine mouth is dry, i am not thirsty, the fields are green, mine eyes want to close, asymptoting, forever approaching, never reaching, so close yet so far, completion, beginning, on Tuesday, sorry, too many eyes, and the hummingbird is a vulturee

 

Greg Theodoridis

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Tu te surprends mélancolique, à rêver du temps arrière de l'avant devant,

du temps des réveils fulgurants, des jeux bleu soleil vert et printemps ;

à rebrousser la diachronique traversée jusqu'à entendre ses premiers chants :

les allées lumière, les compagnons solaires d'inventions à chasser l'ennui,

à travestir les mardis gris en gras, les plongées ravies au lit des rivières imaginaires, le rose au cœur, la flamme aux flancs.

 

Robinson Crusoé en herbe dans quelques mètres carrés d'un jardin broussailleux, vous gambadiez sur les graviers, gravides d'idées loufoques à souhait,

de dictons patapons. Les flaques se faisaient lacs parlant la langue des rainettes, des sardines ou des escargots, et les papillons vous inspiraient l'art du léger.

 

Poirier, cerisier, grenadier... les quêtes conquêtes de fruits ou d'ascension rythmaient ces matins presque parfaits.

 

La plus haute branche du grand figuier aux senteurs intenses de sèves boisées, vertes et fruitées devenait le graal du jour. Il fallait choisir sa prise, s'enrouler

à la douceur grise et monter, haletant, tout content, bravant les interdits,

le « danger Â», flirtant allègrement avec d'hypothétiques drames,

et bataillant pour s'élever dans l'air plombé de l'été marseillais.

 

Tiens bien, allez, tiens, tiens... Encore un peu, encore un mieux. L'attente d'atteindre enfin. La poussée spirituelle des sommets que l'on s'est donnés.

 

Et en haut, tout en haut, des limbes d'enfance, tu contemplais une vie infinie qui se déroulait chaotique dans tous tes sens.

 

elisabeth celle

 

Sellig Nossam
Greg Theodoridis
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