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  semaine 3 : Chaos  

La récolte : Chaos, scrupule, noix de coco, destin, vampires, aléatoire (random), trop, karaoké, sérénité, commencement, début, Nietzsche, cochon d'Inde, tique, cabas, cacao, ok, écho, glauque (sucks), irrémédiable
Les confitures
La fin est proche…
 
Papouasie Nouvelle Guinée. Ambiance glauque… Près d’une noix de coco pourrie, un clébard bourré de tiques et un cochon d’inde poisseux paressaient près d’une vieille femme sénile. Elle n’arrêtait pas de citer Nietzche, en écho à son passé d’intellectuelle. Pour elle, c’était le début du commencement… de la fin. S’étant retrouvée là, en plein chaos, alors que son destin était ailleurs…
En Europe certainement. Tant pis. Maintenant qu’elle délirait, pas question d’avoir le moindre regret. Dans son grand cabas qu’elle appelait son sac à vampires, émanait une forte odeur de cacao. Ça sentait la fin. Irrémédiable fin. OK, elle était pas du genre qu’on regrette, mais elle aussi avait le droit à sa part de sérénité, non ? Alors soudain, sur le son d’une musique lointaine, elle se mit à chanter comme au karaoké, comme si elle chantait devant un public aimant.
Et sans scrupule, elle se mit à raconter sa vie débridée. Trop longtemps, trop lentement. La chronologie aléatoire ne faisait que compliquer le message.
Mais au fond, y-avait-il quelque chose à comprendre ?
 
Myriam Loriol.

Ok, tabler sur ce pauvre Nietzsche pour notre soirée de karaoké mensuelle, c'était plus qu'aléatoire. J'avais des scrupules, mais le destin était en marche ! Tous ses collègues (cette bande de vampires, je ne peux me résoudre à appeler "copains" ces mecs qui se comportent comme des tiques sur un cochon d'Inde…) avaient en plus insisté pour mettre de l'écho, ça n'allait rien arranger. Sûr que ça allait virer au glauque !

Dès le début, on a senti l'approche du chaos : Nietzsche est arrivé dans la boîte avec un énorme cabas — il avait préparé une espèce de goûter pour tout le monde, avec des noix de coco, des petits gâteaux, des jus de fruits, du chocolat (75% cacao s'il vous plaît !) : gentil, non ?

J'hallucinais : où avait-il été chercher cette idée ?

C'était trop : je ne parvenais plus à préserver un fragment de sérénité… Je tentai un commencement de speech pour décontracter un peu l'ambiance, mais l'évidence me sauta au visage : on allait droit à la catastrophe, c'était irrémédiable !

Lâchement, je m'esquivai du théâtre des opérations, rentrai vite fait chez moi, éteignis mon téléphone et ouvris une bouteille de Glenlivet : pour la première fois de ma vie, j'allais me biturer sciemment au Highland pure malt… Le réveil allait être difficile…

 

Sagiterra.

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Sérénité

 

Sans scrupule, la hache tague la vallée. Le silence resplendit. Le bouleau tweete son destin. L'écho fait du karaoké. L'eau glauque tachée de bleu donne la profondeur du ciel et de la terre. Trop grande, elle vampirise l'aléatoire. La sérénité de l'irrémédiable me tombe dessus, comme un vertige. Je frissonne sous les vêtements qui me caressent. Tel une noix de coco dévalant la pente, Nietzsche me fonce dessus. Il me sort du chaos d'aquarelle. Au commencement de ma chute, il débute le léchage du visage. Nietzsche, deux pattes sur mon flanc, se dresse et remue la queue. Il a l'allure du colon posant un pieds sur sa victime, fier, tel un tique. Je me relève. Nietzsche ondule. Je le suis.Un cabas de cochons d'inde grogne sur ses genoux.

"Un cacao ?"

"Pas trop."

"Ok !".

 

Eric Bardin

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  4        

Commencement translated to beginning. Debut translated to beginning. I'm fucked before I begin. Serenity. Chaos. Thankfully, when I double touch the word, to highlight the word, before emboldening it, only the word is highlighted, not the punctuation. Small pleasures. Shopping bags.

 

There is no alternative. There is no other way. But to begin a new paragraph. Paragraph destiny. Paragraph vampires. Paragraph Nietzsche. Paragraph the irrémédiable. Take out all the good stuff, take out all the dangerous stuff, take out all the perceived threats, and what do we get? The bad kind of chaos. And this really sucks, because it is the road to nowhere. Convolution thy name is.. Maintainers Of The Status Quo.

 

Echo. Ok. Coconut Karaoke. Spiralling in to irrémédiable meaningless. What could be worse? Lots! How can it be too random? Would you rather aguinea or a pig? Tick tock. The irrémédiable lunge, revealing all. I'm meeting my brother's friend tomorrow, he seems to be behaving like he know me, he's sending me religious quotes on whats app. We may have a cocoa together. Now let me look up, let me check the meaning of that word,

scruple.

 

Greg Theodoridis

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Tu cherches en vain un écho à la sérénité des débuts ; toi qui excelles uniquement dans les commencements...

Le temps vampirise si souvent tes élans que tu as désormais quelques scrupules à t'élancer.

Tu crains plus que tout l'effet cochon d'Inde avec sa roue, les destins bien cyclés, la geste ressassée. Du coup, te voilà qui tiques devant la nouveauté. L'irrémédiable satiété en visière, tu hésites à te projeter trop loin trop haut.

Les mêmes mots à répéter, incantations dérisoires contre le même de ces je t'aime en chapelet, comique karaoké d'une chansonnette qui se répète et te force à prendre la poudre d'escampette aux premiers frimas.

Tu jettes à bas ton cabas, cent pertes avec fracas, l'eau du bain et son nouveau né, les noix de cocos, les joies de peaux, la douceur cacao des moments ouhlala. Tu opterais plutôt pour un territoire aux contours aléatoires modulés par de chaotiques essais.

Ok et inversement.

Tu finiras sûrement dans une solitude de montagnard nietzschéen

parfois glauque parfois serein.

Ok ou inversement.

 

elisabeth celle

 

 

Photo : Mathias Dou
Sellig Nossam
Sellig Nossam

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Au commencement ce matin-là

à bons pas courbes dans la valse des cabas,

l'avenir a les couleurs d'un printemps prometteur…

Mangues, ananas, noix de coco et cacao

Les étals tendent les bras

Le plaisir semble à portée de main

Et les refrains fleurissent aux lèvres en gai karaoké.

Tout est ok, il n'y a qu'à cueillir les sourires :

l'espoir fait rage et les fronts n'ont plus peur.

La vie coule son cours velours.

 

Et puis soudain, au passage d'une robe légère, l'envol d'un scrupule, un rien de désinvolture, et sans doute la poésie aléatoire du soleil jouant dans une chevelure achèvent en un instant de créer un début… éternel.

 

Le désir tendant au destin l'un de ses diables de tour, suffit à lui faire prendre un tour irrémédiable. Il fait, follet, tourner la tête qui têtait pourtant têtue le lait de la vie : les lèvres se retroussent en un sourire amer, et de quenottes à crocs, on bascule dans chaos…

Le sang coule à flots - venin sans à-venir – et les veines se vidant la peau vire vert glaçant : glauque.

 

Depuis ce moment-là rien n'va plus de l'avant

L'écho tourne infini cochon d'Inde jour et nuit

L'éternité s'étire en toute sérénité

Et le même infini se répète à l'envie…

La tique-temps n'a plus prise sur le cours du sang :

Alités sur l'éther nos vampires voguent athés,

Nietzche même a usé toute sa volonté…

 

Ce matin-là hélas, un geste nu aura suffit à dénouer les lacets las

d'un futur trop mûr...

 

Marina Chojnowska

 

 

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