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  semaine 17 : Aura   

La récolte : Aura, dire, ésotérique, présence, oracle, panoramique, taureau, vapeur, boréale, artichaut, saisir, frêle, or, culaire, pro nobis, des champs.
Les confitures

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Tonio

 

Les dires panoramiques de l'oracle forment un pont, allant du taureau au raz des champs, à la vapeur céleste. Il chantait l'aura Tonio.

Orbiculairement l'aura de l'artichaut lui esbouriflait l'arc en ciel. Il saisit les étamines bleues royal à pleines mains, les arrache, fait de même avec les gras pétales verts. Acte ésotérique , anéantir cette présence qui efface jusqu'à l'aurore boréale. Mais il laissa les prèles frêles au bord du chemin, Tonio.

 

/extrait//du tarot Pro Nobis/

 

Eric Bardin

 

L'AURA

 

L’aura , l’aura pas c'est bien la question. L’aura quoi ? L’artichaut bien sûr.

 

Mettez-vous un instant à la place de ce taureau à qui l’on demande de poser son cul, l’air emprunté, au milieu des champs, en vue de proclamer un oracle en or.

Il sait que sa récompense sera de pouvoir saisir sa pitance, ou non…

 

Il commence par une invocation, un ésotérique « ora pro nobis ». Il va dire ensuite qu’il ressent la présence panoramique d’une frêle multitude de chouettes boréales formant un immense cumulonimbus bleu blanc et gris qui lui fait penser aux pulsations du nuage de vapeur débordant de la casserole dans laquelle cuit depuis une demi-heure la barigoule qui l’attend dans sa mangeoire.

 

Alors. L’aura ? L’aura pas ?

 

Léon Lagouge 

 

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Léon Lagouge

Aura - Pascal Schaeffer
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Pièce sonore : l'Aura de Pascal Schaeffer

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Vue panoramique sur champs de cannabis. Un fumet épais et moelleux vous enroule d'une poigne experte le cervelet. La vapeur boréale se fraie un frêle passage intestinal et vous vomissez des images hilarantes qui vous saisissent et secouent d'un tremblement déconcertant. Votre présence d'ordinaire forte s'amollit, s'arrondit. Vous coulez au sol dans une mollesse motrice indicible.

Une salve archi-culaire s'immisce jusqu'au pro nobis. Que restera-t-il ? se demande-t-elle. Une nouvelle aura artichaut vous colle à la peau. Or et bleue, elle s'effeuille lentement à chaque mot. Un trop plein de choix vous fige les pas. Vous restez là bras ballants, tête bas, à vous demander si ici ou bien là. Oh racle ! Oh désespoir ! Vous ne savez plus ni quoi ni faire.

 

Et pendant ce temps là, le dire ricane méchamment quelque part.

 

elisabeth celle

 

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Visite à l’oracle

 

En ces temps perturbés, où je n’arrivais plus à avoir une vision panoramique de ma vie, je pris la décision d’aller consulter l’oracle, à Delphes.

 

J’hésitais à offrir en sacrifice un taureau, afin de m’assurer un voyage sécure jusqu’au sanctuaire d’Apollon... J’ai toujours répugné à tuer un animal, fut-ce pour un dieu. Il y a une différence entre expérience ésotérique et pratique obscurantiste. Fière de ce distinguo, anachronique mais juste, je décidais de ne plus sacrifier d’animaux, et dans la foulée, je renonçais à en manger ! Ce qui, au règne de Périclès, était plutôt original, avouons-le. Ou inconscient, qui sait ? (Freud. Et il en fera plus tard toute une affaire).

 

Mais alors, qu’offrir à Hermès, dieu des voyageurs ? Je ne voulais pas l’offenser en le privant d’un don... Je choisis de couper la poire en deux (depuis les déboires de Pâris, je ne mangeais plus de pommes. Adam aurait pu s’en souvenir au passage).

J’offris donc ma dernière découverte : un artichaut. Sa belle couleur, violette et verte, était spectaCulaire. Elle m’évoquait la mer Egée, la veille d’un orage, les infinies nuances d’une aurore boréale. Mais ça, je ne le savais pas encore. Je n’en étais qu’à ma trois millième vie et ce n’est que bien plus tard, que je naîtrais dans cet étrange pays du bout du monde, qui s’appellerait la Finlande.

 

Hermès sembla surpris par cette offrande d’un nouveau genre et m’envoya une étrange vapeur qui m’enveloppa. Je fus saisie d’une grande torpeur. Je sentais mes jambes gambader dans des champs jeunes et doux. Je croisais Rimbaud, en proie à ses Sensations. J’avais envie de m’arrêter et de lui dire : « ta présence enchante le monde ! tes mots sont de l’or sur ma peau nue ! » Mais il ne m’entendait pas, ce petit poucet rêveur. La vapeur mystérieuse continuait de me porter à travers les âges. Je me sentais coccinelle, frêle créature enivrée de son voyage ! Bête à Bon Dieu ! « Ora pro nobis ». Un petit groupe d’hommes et de femmes agenouillés, bras ouverts sur le bleu du ciel, s’adressait à leur dieu. Visages radieux, enveloppés d’une aura souriante. J’eus un élan pour me poser près d’eux, tant leur lumière était attirante. Mais la vapeur en décida autrement. Je me sentis soudain propulsée au sol, le nez dans la poussière ! Pas de mal pourtant. Juste étourdie. Je me relevais et... me trouvais face au visage rieur d’Apollon. Il avança sa main libre pour me saisir doucement le menton : « Alors, que voulais-tu me demander ? » Dans la douceur de sa caresse, je fondis d’amour pour l’Oblique et oublia tout le reste ! Hermès m’avait donné un cœur d’artichaut...

 

Florence Durand

 

Sellig Nossam

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