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  semaine 46 : Myrte   

La récolte : myrte, hellénique, brimbelle, vélin, encens, Afrique, mage, île, page, érato, sourdre, bibliothèque, pointue, ivre, aneth, rajeunissement.
Les confitures

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MYRTE

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LE POETE
Elle a vécu Myrto la belle Tarentine…
LA MUSE
Ah non tu l’as déjà faite celle-là
Il faut du neuf mon vieux et non du rapiécé.
LE POETE récitant  André Chénier
Pour lui (le Poète…)
L’ombre du cabinet en délices abonde.
S’il fuit les graves riens, noble ennui du beau monde,
Ou si, chez la beauté qui l’admit en secret,
Las de parler, enfin il demeure muet,
Il regagne à grands pas son asile et l’étude :
Il y trouve la paix, la douce solitude.
Ses livres, et sa plume au bec noir et malin,
Et la sage folie, et le rire à l’œil fin.
LA MUSE
Eh bien voila , c’était pas si  difficile , ça c’est du Chénier pur et dur mais tu peux l’améliorer.
LE POETE
Faire mieux que Chénier !  difficile
LA MUSE
Veux –tu dire que Ch’est Niais. Essaie donc …
LE POETE
J'accepte le pari et propose :


Pour lui, le Poète,
Les ombres de l’encens en délices abondent
S’il fuit les brimbelles ivres, inutiles, chères au monde,
Proche d’une beauté hellénique qui vit sourdre sa passion.
Las de parler, il demeure sans action et hors spéculations
Il regagne son île, dans la bibliothèque pointue il trouve le vélin de la page
Il respire l’aneth, le myrte, un vrai rajeunissement,
Oublie ses gémissements .
Il flotte dans la paix, Il embrasse Erato et bien plus son image,
Ses livres, et sa plume au bec noir et malin,
La sage folie d’Afrique, et le rire à l’œil fin.
LA MUSE
C’est un peu fort  mais j’admets que les volutes de la fumée de l’encens puissent projeter leur ombre sur le mur .
Tu as gardé la chute des deux derniers vers, j’apprécie.

RIDEAU

 

Léon Lagouge

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Rajeunissement


Nous avons vu sourdre de la bibliothèque un vélin encensé de l'ératostène hellénique. Le brûler pour connaitre l'odeur de l'encens ? Le conserver tel que, comme on conserve une allumette qui n'a pas servi ? Il raconte l'histoire d'un page de l'île de Mages. Ils cueillaient la brimbelle, la myrte, le ciste, l'aneth aussi, raclaient le mucus des conches, ramassaient le varech. Le santal, lui, venait de loin. Les mages construisaient des filtres, des parfums, des boissons. Ces fragrances pointues, ces poussières rauques, les rendaient ivres. Des tambours d'Afrique battaient sous leurs tempes. Ils dansent courbés, harassés par le ramassage, les distillations et les cuissons. Ils titubent. Le page est là pour les réconforter. Conduits aux ablutions, ils sont déshabillés, lavés, séchés, allongés, massés, enduits d’exsudats capiteux. Courbé le page cueillait. Qui le massera ?
Des baves acrobates sont suspendues à la toile des exhalaisons prenant tout l'espace, préemptive. Se sauver sous les acacias en fleurs. S'allonger dans la menthe. S'épanouir dans la nuit.
La journée a été comme une distillation fractionnée. Successivement, les odeurs de savon à barbe, d'herbes mouillées, de foin, de terre humide, d'iode, de salade, d'évier, de vinaigrette, de chaud, de bois brûlé, d'essences volatiles qui serrent les sinus, la sueur, les aisselles, la vanille, le vin, le fromage, fragrance totale indescriptible, l'eau, le savon, le baume, le musc, l'acacia, la menthe. Une trajectoire, un rituel, une vie.
Restes dans ta bibliothèque, conard ! Qu'en sais-tu ? Est-tu fier de ta formule ?

Et ta vie à toi, c'est comment ?

​

Eric Bardin

ô myrte hellénique !

brimbelle sur vélin !

encens d’Afrique !

mage d’ île !

page d’érato à sourdre

aux bibliothèques pointues !

ivre en l’aneth des rajeunissements !

​

Sellig Nossam

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Au sortir d’un comas dans l’organisation

Nos enfances au jardin d’après révolution

Nous avons contemplé des ruines de naissances

Les yeux désenchantés sentaient la naphtaline

Avant dissolution de nos adrénalines

Il restait à tenter le bal d’adolescence

 

La lumière baissait, il faisait déjà nuit.

Il manquera toujours, Il nous manquait encore,

L’imprudence des jours et le sérieux des morts,

Savions intimement le refus et l’ennui.

Et nous tentions l’amen et nous étions aidés

Par la beauté brûlante de nos corps éprouvés.

 

Dans nos danses affolées au cauchemar du mythe.

La musique tentait  un rythme à inventer,

Sur des textes anciens aux mots miraculés,

Où la vénus portait la couronne de myrte.

 

En des murs de bétons sous un ciel hellénique,

Aux vagues des terrains, aux friches oubliées,

L’aneth et la brimbelle au milieu des ronciers,

Des dieux païens tentaient un souffle anachronique.

En nos yeux de jeunesse, nos immortalités,

La route initiatique mille fois recommencée,

Buvaient jusqu'à plus soif les eaux de la tempête,

Sachant la destinée et les lacs souterrains.

 

Et le tout pour le tout, qui fait l’ange fait la bête

Aimant le désiré, le mieux ami du bien,

Nous jouions à des jeux de destruction d’égo,

De visites aux limites, de cadeaux de présent,

Brûlant à tous les sens en rêves illégaux.

 

Des consciences infinies dans nos fumées d’encens

Le mage signait la page d’écrivain, notre frère,

Le théâtre et son double correction d’Erato

La poésie vivante faisait sourdre colère

Et aimait réfléchir des lumières aux cristaux

Ivres aux bibliothèques et chantant à la science,

Nos étoiles portaient le blason de la mort.

La belle en galaxie, pas celle des consciences,

La douce ataraxie d’héroïne sans remord.

Nous vieillissions d’enfance nos rajeunissements.

Nous enfantions d’ancien nos étourdissements.

À nos amours pointues nous aimions nous blesser.

Le rouge des matins dessinait sur vélin,

Malgré les blanc soleils de lumineux venins,

Une vibration nouvelle qui pulsait nos essais.

La nausée nous prenait dans une valse lente

Et l’art nous échappait par une joie violente

Le sang de nos Afriques, les guerres de nos Europes,

Nos îles à la dérive quittaient les continents,

Et nos mélancolies pleuraient en étonnement.

Nous nous libérions aux courses nyctalopes.

​

Sellig Nossam

​

Désir d'immortalité sur cette île d'Afrique,

amoralité édénique,

hellénique,

les vents effacent les regrets

l'étendue dompte les pointus

le ressac salé berce nos insomnies

la dune rouge et balayée sculpte un horizon imagé,

gravure de bibliothèque où la vie sourd sous le sable frais.

Dans la rondeur des roches bleues, nous nous lovons ivres de joie, la peau véline, tannée de myrte et d'olivier,

Erato se glisse du cœur aux lèvres et fait vibrer la lune

nos paumes ouvertes aux galaxies cherchent des portes à dégonder,

des passages vers des pages blanches qui s'envolent avant les crayons,

avant la décision

des moments du devenir à la croisée des possibles

où rien ne s'écrit ni ne se dit

à peine un chuchotis, un murmure, un soupir

où l'encore du corps prime

Les brimbelles des pupilles percent la nuit du désir de se fondre

jusqu'à l'oubli du qui je suis

jusqu'aux troubles des contours,

une nouvelle forme s'a-nette, floutée jusqu'à la dissolution des séparations

les sens encensent le sang ruisselant de l'emmêlé rajeunissant les cellules jusqu'aux noyaux.

La vie respire dehors dedans et l'on se sent, frêle membrane vibrante au vent, d'une force nouvelle qui n'affaiblira personne.

​

elisabeth c.

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