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  semaine 47 : Transi   

La récolte : transi, Lionel, Sibérie, cristal, se tord, transition, trace, exsangue, migrants, muet, debout, souris, store, amoureux, encore, Nicolas.
Les confitures

  1        

transi, Lionel, tu reviendras de Sibérie

avec le cristal de notre futur dit amant

le froid a préservé le virus du désir et la maladie de la grâce dans l’amoureux gelé d’un hiver de l’âge d’or.

en transit

Dans l’aujourd’hui se tord sans se transformer l’exsangue aux multistores

qui ne laissent pas passer la lumière

se tord dans des transactions sans transe et sans action.

La transition d’un monde mourant semble le chant du cygne plus que la résurrection.

Pour le moment. Pour toujours.

Muets sous le flots de paroles,

Jours et nuits rampants plus que debouts

L’écho des transistors bégaye la survie aux sous-terrains

Tous migrants, de pays en guerre, de naguère, de famille en déclin,

d’un nostalgique souvenir de vie, dans le cerveau des zombies, 

Traces fantômes sur nos plaques sensibles…

tu souris lionel…

encore, temps mieux…

je t’aime…

 

nicolas

​

Sellig Nossam

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Ils ont tiré les stores qui occultent la lumière. Debout, transis malgré la chaleur d'enfer qui règne dans l'atelier, Maître Nicolas Flamel et son épouse Dame Pernelle assistent, amoureux, muets, au miracle qu'il voient naître dans le fourneau, la matière qui se tord sous l'effet de la flamme, la transition du plomb à… à quoi donc, au fait ?
Ce qu'ils voient apparaître sous leurs yeux, ils le savent, ce n'est pas l'or. Le sable n'entre pas dans la nature de l'or.
Serait-ce… le diamant ?
Ou autre chose encore : quelque chose qui n'existait pas jusqu'ici, ou alors dans les lointaines forêts de la Sibérie, ces contrées glaciales où œuvrent des magiciens qui, dit-on, ont créé une pierre fabuleuse, semblable au diamant, mais créée de main d'homme, une pierre qui semble éclairer les froides nuits septentrionales, tant l'éclat vient de ses profondeurs…
Une pierre qui ressemble au béryl, cette merveille qu'on appelle aussi cristal de roche. 

***
Ils pensent au fidèle œuvrier, Lionel, venu de l'Est avec les vagues de migrants qui fuyaient les incursions barbares qui surviennent encore. Lionel qu'ils ont accueilli quand il errait dans la ville, affamé, perdu loin de son pays, un air de souris effrayée sur son visage exsangue.
Celui-là, c'est certain, saura se taire sur la découverte alchimique, et effacer les traces de l'opération, si le besoin s'en faisait sentir, pour éviter la convoitise du pouvoir… ou des malfaiteurs. Mais pour l'instant, ils vont partager l'émotion, la Joie de la création.

Sagiterra

Transi
Recroquevrillé serré, difficile de sortir du lit. Je traine dans le gris.
Les nuages font pipi.
Je n'arrive pas à lire l'histoire de Lionel et Nicolas de Sibérie, amoureux muets.

Non, impossible. Je me dresse. Je me perd dans le couloir, dans les nuages.

Face à un mur, léger, rêver de passer à travers. Quand le ventre touche le mur,

le froid me saisit. Le rêve disparait. Insister. S’appuyer fortement. De face, de profil, en biais, trouver une faille peut-être. Je l’avais amadoué, caressé, peint.

Seul un enfant avait lu mes dessins. L'adulte n'avait rien vu. La pluie a fait disparaitre les traces du rêve peint. Seul face à mon mur. Là haut sur la montagne, la danse des petits pains, bascule. Se battre, boxer l'air en faisant des bruitages avec la bouche. Si au moins j’étais muet et sans gestes, debout parmi les autres. Il me faudrait un trou de souris portatif. Un localisateur qui me signalerait quand je suis hors-sol, ferait l'affaire. L'exsangue recroquevillé, les points serrés se tord, se dresse, migrant sur place. Il flottait en traversant le dernier pont sur la Loire. Son cristal crie, encore, derrière le store des paupières. Transition interminable.
La flaque d'eau nage dans la lumière, roucoule  au passage de ma canne et mouille le bas de mon pantalon. Trempé des pieds à la tête, j'écoute, je sens, j'existe, tout baigne.

​

Eric Bardin

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ec
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